Bouygues Télécom a lancé lundi 23 janvier une box 4G destinée aux zones peu denses victimes d’un des paradoxes de la fracture numérique : difficulté d’accès à une connexion internet fixe de bonne qualité mais déjà couvertes en 4G, très haut débit mobile. Cette solution vise donc les personnes habitant dans un lieu où les opérateurs privés n’ont pas encore mis en place la fibre, ne planifient pas de le faire dans un futur proche et où malgré les carences de l’initiative privée il n’y a pas de projet de réseau d’initiative publique prévu.
L’annonce de la commercialisation de cette box arrive ainsi au milieu d’un débat sur l’efficacité de la concurrence sur le câblage en fibre et l’annonce de nouvelles mesures par l’Arcep en la matière. En effet, Bouygues avait annoncé vouloir disposer de 2 millions de prises raccordables à la fibre à la fin 2016, là où Free en revendiquait déjà 4 million le 30 septembre dernier et où Orange en possède déjà 6,3 millions (l’opérateur historique disposerait de 60% des parts de ce marché). Le retard de Bouygues en la matière est réel et cette nouvelle offre peut permettre de compenser la situation en mettant à profit les points forts de l’opérateur sur le très haut débit mobile. De fait, Bouygues Telecom possède au total 10 600 sites 4G activés selon l’observatoire du déploiement mobile du mois de décembre 2016 publié par l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR). Bouygues Telecom s’affirme ainsi depuis trois mois comme le leader de la 4G (10 185 antennes 4G activées pour Orange, 9 835 pour SFR et 7 568 pour Free). Un déploiement qui permet désormais à l’opérateur de couvrir 85% de la population avec une majorité des efforts consacrés aux zones peu denses, là où l’opérateur investit en commun avec SFR. La box n’est pour le moment disponible que pour 7 millions de clients potentiels, selon des zones territoriales très précises, là où la 4G de Bouygues est disponible. Mais dès le mois de mars prochain, ils seront 10 millions selon l’opérateur. Et de nouvelles zones seront ajoutées au fur et à mesure.
Pour 29,99€ par mois, auquel il faut ajouter 3€ par mois de location de matériel, les clients pourront avoir accès à un internet stable de façon illimité, sans restrictions de consommation data, grâce à cette box se connectant au réseau 4G de Bouygues. Le boîtier conçu par Huawei, est équipé d’une prise jack et d’une prise téléphone ; il est capable d’émettre du Wifi (802.11 b/g/n) supportant jusqu’à 32 connexions. La box est capable de capter la 4G mais pas la 4G+ et offre un débit descendant maximum de 115 MB/s avec une « moyenne observée de 30 à 40 MB/s ». En décembre dernier, le débit moyen observé en France était de 9.7MB/s. L’offre proposée par Bouygues semble donc d’une qualité suffisante en termes de débit pour permettre une consommation familiale confortable.
La seule limitation apparente au moment de la présentation de l’offre concernait un bridage du débit accordé à la vidéo à 2MB/s. Un débit jugé suffisant pour regarder Netflix sans problème de pixellisation de l’image selon l’opérateur, alors que la firme américaine recommande elle un débit minimum de 3MB/s pour le visionnage d’une vidéo en SD. De plus, Bouygues lui-même considère sur son site internet qu’il faut un débit minimum de 3.6MB/s pour pouvoir accéder à son offre TV. Face aux interrogations sur la possibilité d’accéder à l’IPTV en 4G via la box, Bouygues a depuis apporté des précisions en parlant d’une erreur de communication à propos de la limite des 2 Mbps. Il semble donc désormais acquis que la connexion ne sera pas bridée.
Outre l’absence de volume maximum de données téléchargeables, cette offre se différencie des clés 4G classiques par le fait qu’elle ne fonctionne pas en itinérance. Elle n’est compatible que sur le réseau Bouygues et sur les antennes réseaux couvrant le domicile du client, il est donc impossible de pouloir s’en servir en déplacement. L’offre semble de plus être plus efficace que l’accès à internet par satellite en ce qui concerne le marché de l’accès à internet des campagnes. Avec le satellite, le débit descendant oscille entre 20 et 22 MB/s, les tarifs sont compris entre 20 et 90€ et chaque forfait prévoit un seuil maximum de données téléchargeables (entre 2Go et 100Go selon les offres).
Cette solution doit donc permettre à Bouygues de proposer du très haut débit fixe dans les zones non encore fibrées et accélère la concurrence voulue par l’Arcep, notamment avec Orange, qui depuis les premiers déploiements en 2007, et surtout depuis la mise en place du cadre réglementaire de la mutualisation, reste le principal opérateur FTTH en France avec plus de 800 communes éligibles. L’opérateur leader s’est fixé l’objectif de fibrer 220 agglomérations et de couvrir 60% de la population d’ici 2020.