Que ce soit dans l’accès aux programmes ou la diffusion vidéo, les 2 géants de la Tech prennent pied sur le territoire télévisuel et en profitent pour valoriser leurs écosystèmes et services : Google en tant qu’outil de renseignement sur les contenus des chaînes, Facebook en tant que plateforme et régie vidéo.
Google investit le secteur des guides de programmes TV
A l’occasion du NAB 2016 de Las Vegas, Google a annoncé le futur lancement d’un guide des programmes électronique (EPG) proposant à ses utilisateurs les horaires de diffusion des programmes qu’ils souhaitent visionner sur les chaînes linéaires.
Un service déjà existant pour les programmes en ligne
Depuis un an, Google liste déjà les applications tierces permettant le visionnage en ligne des programmes. Ainsi, pour l’internaute souhaitant regarder via internet une émission de télévision, un film ou une série TV, il suffit de taper le nom du programme dans la barre de recherche Google pour que ce dernier affiche les différents services en ligne où le programme est disponible légalement, que ce soit à l’achat, à la location ou en streaming, avec un lien cliquable pour y accéder. Cependant, comme le pointe le blog américain Techcrunch, ce service serait loin d’être sans défaut puisque la majorité des résultats orienterait l’utilisateur principalement vers des services propriétés de Google (Google Play et YouTube). De plus, cette fonctionnalité manquerait d’efficacité puisque certains services où le titre recherché est normalement présent, ne sont pas cliquables et même parfois non-proposés.
L’ancien géant de l’internet Yahoo a également développé une application mobile mise en service en décembre 2015 permettant de trouver le programme que l’utilisateur souhaite visionner en streaming parmi les différentes applis déjà installées sur son appareil : Yahoo Video Guide. Concrètement, l’utilisateur recherche et sélectionne parmi une sélection de titres celui qu’il veut regarder (notamment en fonction de son humeur du moment symbolisé par des GIF), et l’application propose en retour une sélection de services déjà installés sur l’appareil mobile (comme Netflix, Hulu, Amazon, YouTube, mais aussi les applications de replay des networks comme ABC, HBO Go, NBC, Showtime…) afin de visionner le contenu sélectionné. Ce service intègre en plus le système de notation des programmes issu de Rotten Tomatoes, ainsi qu’une fiche descriptive du titre : réalisateur, casting, date de production, résumé, etc.
L’intégration des dates de diffusion sur les chaînes linéaires
L’annonce faite par Google tient donc dans l’amélioration de son service déjà existant. Son originalité est de proposer un mode de consultation des programmes différent de celui auquel les téléspectateurs s’étaient habitués : au lieu d’afficher la liste des programmes par tranche horaire pour chaque chaîne de télévision à l’instar d’un magazine de programmes TV ou des services numériques disponibles sur les smart TV ou les Box, Google permet de rechercher la date et l’horaire de diffusion du programme sur une des chaînes TV en linéaire, uniquement en renseignant le nom du titre dans la barre de recherche. Une option supplémentaire permet de sélectionner son fournisseur d’accès afin que la recherche prenne en compte les chaînes accessibles ainsi que les horaires de diffusion différents en fonction de la situation géographique au sein des Etats-Unis. Google justifie la création de son service par le fait que selon lui, les recherches d’horaires de diffusion des programmes TV auraient augmenté de 55% en un an.
Pour le moment, aucune date de mise en ligne de ce service n’a été annoncée par Google, sans précision non plus des territoires sur lesquels il sera proposé en dehors des Etats-Unis. De plus, le géant américain arrive sur un marché où de nombreux concurrents existent déjà comme TV Guide ou Yidio. Mais l’importance de Google en parts de marché sur les moteurs de recherche risque de porter un coup fatal pour ces services préexistants.
Facebook accélère sur la vidéo, de plus en plus proche de la TV
La vidéo est un levier de développement important du réseau social leader, qui s’est positionné il y a peu sur le créneau du streaming live, ce qui devrait avoir pour effet d’accroître encore la consommation de vidéos (8 milliards de vidéos sont vues quotidiennement par 500 millions d’utilisateurs fin 2015) et surtout le temps moyen des visites. Celui-ci s’élève à 20 minutes en moyenne, mais, selon Facebook, les utilisateurs passent 3 fois plus de temps devant les contenus en direct que devant des vidéos non live. Pour accompagner ces nouveaux usages, Facebook vient d’annoncer une nouvelle modification de son algorithme qui devrait permettre une sélection de contenus encore plus personnalisés, via l’analyse des consommations des membres du réseau et de proposer en priorité dans leur Newsfeed des formats « plus pertinents » qui les intéresseront davantage et les inciteront à rester plus longtemps, tels les vidéos live.
L’entreprise de Menlo Park songerait d’ailleurs à monétiser ces dernières, via l’insertion de mid-rolls dans le flux, à l’image des spots publicitaires TV. Dans cet objectif, Facebook incite les éditeurs à rallonger la durée de leurs vidéos, 10 minutes et plus. Cela participe de la stratégie du réseau social de convaincre les annonceurs d’allouer une part croissante de leurs budgets à sa plateforme, notamment à la vidéo. Pour Sheryl Sandberg, Directrice des opérations de Facebook, le réseau « ne remplace pas la télévision, mais nous observons que les audiences se déplacent, de la TV et de nombreux autres supports, vers le mobile. Or, nous sommes idéalement positionnés pour conduire ce changement, et pas simplement y prendre part ».
Dans cette optique, Facebook ouvre ses API depuis fin 2015 à tous les éditeurs pour simplifier l’intégration de leurs vidéos et leur permettre de personnaliser le player. De plus, lors de la dernière Conférence F8, Mark Zuckerberg a annoncé rendre l’API des vidéos live accessible notamment aux télédiffuseurs et aux professionnels de l’image afin de leur faire profiter des capacités de production de haute qualité, développées par des spécialistes tels Ooyala, Grabyo et Mevo, au lieu d’utiliser un simple téléphone. Plus de contenus vidéo de qualité professionnelle inciteraient probablement les annonceurs à accroître leurs investissements sur le réseau.
Pour achever de les convaincre, les process d’achat des inventaires vidéo sur le marché américain vont être simplifiés et se rapprocher de ceux pratiqués en télévision. Ainsi, les marques pourront désormais planifier des diffusions selon des créneaux horaires prédéfinis (day-parting), sur Facebook mais également sur Instagram. Autre nouveauté, il leur sera possible de cibler des marchés TV locaux spécifiques, grâce à l’outil Designated Market Area (DMA) de Nielsen. L’objectif du réseau de fournir aux annonceurs des moyens de travailler leur marques via la vidéo mobile, ainsi que la flexibilité de prolonger leurs campagnes TV et vidéo sur le réseau grâce à des indicateurs familiers. Toutefois, les équipes du réseau social leader rappellent que les usages sur mobile diffèrent et indiquent les clés d’adaptation nécessaires pour générer de bonnes performances : présence majoritaire de la marque dans la vidéo, existence d’un discours narratif, identification simple de la marque, compréhension du message sans le son, message publicitaire simple, court et concis. Pas si éloignés des messages TV.